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L’histoire du vélo est faite d’héroïsme, d’exploits légendaires, de défaillance, de drames, d’incidents. Et d’injustice aussi. En ce Tour 2010, elle viendra frapper à la porte d’Andy Schleck, le coureur le plus doué de sa génération. « Dans ma carrière, j’ai dirigé quatre champions hors du commun : Bernard Hinault, Laurent Fignon, Greg Lemond et Andy Schleck », a coutume de dire Cyrille Guimard, qui avait drivé le coureur luxembourgeois lorsqu’il était encore amateur dans les rangs du Vélo Club de Roubaix, qui plus tard passera professionnel au niveau continental. Très vite, le célèbre directeur sportif avait décelé le talent hors du commun du petit frère de Frank. Au bout de trois courses, il avait déjà appelé certaines équipes professionnelles françaises pour leur dire : « J’ai ici un vainqueur du Tour en puissance ».
Schleck le plus fort du peloton
Ce talent, Andy Schleck l’a confirmé par la suite et en 2010, il est bel et bien à la lutte pour remporter son premier Tour de France. Au matin de cette 15e étape, entre Pamiers et Bagnères de Luchon (187km) via les cols du Portet d’Aspet, des Ares et du redoutable Port de Balès, après une première arrivée à Axe-Trois-Domaines la veille et avant deux dernières étape pyrénéennes exigeantes, Schleck porte le maillot jaune sur le dos, avec 31 secondes d’avance sur Alberto Contador. Mais surtout, le Luxembourgeois est fort, très fort. Même si le Tour est encore loin d’être joué, il domine physiquement Contador. Et à deux kilomètres du sommet du Port de Balès, véritable vacherie d’une vingtaine de kilomètres aux portes de Luchon, Andy Schleck place un démarrage foudroyant dans le groupe des leaders. Contador, surpris par la force de l’attaque, réagit en retard et peine à boucher le trou creusé par le maillot jaune.
Et l’injustice frappa…
Schleck est-il en train de gagner le Tour ? C’est alors que l’injustice s’invita sur le Tour de France. En plein effort, au paroxysme de son effort même, Andy Schleck déraille en voulant changer de plateau. Contador le rattrape puis le dépasse sur la lancée. Schleck doit mettre pied à terre. Lorsqu’il repart, l’Espagnol est déjà loin devant. A l’arrivée à Luchon, Contador reprend 39 secondes au Luxembourgeois, qui perd son maillot jaune. Andy Schleck ne le reprendra plus jusqu’à Paris. Contador avait-il vu que Schleck avait déraillé ? A-t-il poursuivi son effort en toute connaissance de cause ? Le débat fait désormais partie de l’histoire du Tour, même s’il est pour le coup relativement injuste pour l’Espagnol, car dérailler reste un fait de course, malchanceux certes, mais un fait de course.
TDF 2010. Andy Schleck vs Alberto Contador. Le regard de la mort. Les frissons à chaque fois ! pic.twitter.com/IFdTKwc1lQ
— Joseph Ruiz (@RuizJoseph) April 25, 2020
Comme un balancier de l’histoire, Andy Schleck récupérera la victoire finale des années plus tard, suite au déclassement de Contador du fait de sa suspension pour contrôle positif. Mais le Luxembourgeois regrettera toujours de ne pas avoir pu connaître la joie de parcourir les Champs-Elysées maillot jaune sur le dos. Et tout cela à cause de cet incident mécanique dans la montée du Port de Balès.