Cyclisme : Tour 1992, la dernière rébellion de Fignon

Capitaine de route de Gianni Bugno lors de ce Tour 1992, Laurent Fignon réalise le dernier grand exploit de sa carrière lors de la grande étape alsacienne entre Strasbourg et Mulhouse. Résister au temps qui passe est une chimère, mais le champion français n’est pas du genre à renoncer au combat. Et s’il ne peut gagner cette guerre, il emportera ce jour-là une magnifique bataille.

© Simon Pascal and Fignon Laurent during stage 18 of Tour de France from L'Alpe d'Huez to La Plagne, on July 17th 1984. Photo : Sirotti / Icon Sport

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En ce Tour 1992, qui voit Miguel Indurain défendre son titre, Laurent Fignon fait figure d’homme du passé. Lui, comme Greg Lemond, Charly Mottet, Pedro Delgado ou encore Stephen Roche, ont été dominés l’été précédent par la nouvelle génération des années 90, portée par Indurain, Chiappucci ou encore Gianni Bugno. Les vainqueurs des années 80 sont appelés à la casse.

Mais ces champions hors-norme n’accepteront pas leur sort sans combattre. Laurent Fignon en premier chef. Le double vainqueur du Tour sait qu’il n’a probablement plus la victoire finale dans les jambes, lui qui a signé chez Gatorade l’hiver précédent comme capitaine de route de Bugno. Mais le champion français a décidé qu’il n’en avait pas fini avec la victoire… Et en ce mercredi 15 juillet 1992, alors que se dresse la grande étape alsacienne entre Strasbourg et Mulhouse (249.5 km), par-delà les cols de Kreuzweg, du Bonhomme, de la Schluth ou encore du Grand Ballon, le champion français a un plan en tête.

Fignon n’en a pas fini avec la victoire

Et après que les premiers cols alsaciens aient été montés à bloc suite à une tentative de coup de force de Claudio Chiappucci, ils sont nombreux à vouloir souffler alors que ce qu’il reste du peloton aborde le petit col de Bramont (3e catégorie), à un peu plus de 100 kilomètres de l’arrivée. C’est le moment choisi par Fignon pour lancer son offensive alors que devant Roscioli, Konishev, Rondon et Vargas ouvrent la route. Sorti en compagnie de Gonzales, Laurent Fignon bascule au sommet et fonce tête baissée dans la descente. A quelques kilomètres du Grand Ballon, le champion français fait la jonction avec les premiers.

Le dernier exploit de sa carrière au Grand Ballon

Dans la montée du Géant d’Alsace, le Français réalise le dernier exploit de sa grande carrière. Porté par une foule transcendée par la rébellion du champion refusant l’épreuve du temps, Laurent Fignon décroche tout le monde et bascule seul en tête avec 1’50’’ sur le groupe maillot jaune. Mais la victoire n’est pas encore assurée. Il reste au Français une cinquantaine de kilomètres à accomplir alors que derrière, un peloton de quarante coureurs roule sur lui. Mais Fignon, comme à ses meilleures années, fait parler ses qualités de rouleur. Seul face à la meute, le Français combat et résiste. A deux kilomètres de l’arrivée, il possède encore 26 secondes d’avance. Trop peu pour l’emporter ? Pas pour un champion comme Fignon. Loin de se désunir, le blond à la queue de cheval, transcendé par les hurlements des spectateurs, accélère encore l’allure pour garder ses poursuivants à distance. A l’arrivée à Mulhouse, le champion tricolore garde 22 secondes d’avance sur Laurent Dufaux et l’emporte. Quelques jours plus tard, Stephen Roche triomphera lui lors de l’étape auvergnate arrivant à la Bourboule. Non, les années 80 n’en ont pas encore fini avec le Tour de France

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