Visualiser Occulter le sommaire
Six ans après sa première victoire, Marc Madiot remporte son second Paris-Roubaix au terme d’une course fantastique, où il a essoré ses adversaires. C’est au même endroit, quasiment dans les mêmes circonstances, que le champion français a forgé son triomphe à Roubaix. Madiot est un homme de mémoire, et ce jour-là à 20 kilomètres de Roubaix, il l’a bel et bien prouvé…
Ils sont six à l’entrée du secteur 2 de ce Paris-Roubaix 1991, que l’on ne nomme pas encore Carrefour de l’Arbre. Dans ce groupe de tête, alors que derrière, Duclos-Lassalle, Fignon, Jalabert, Sergeant, Van Hooydonck, Bontempi, Musseuw et consorts ne parviennent pas à rentrer, on ne trouve que des spécialistes des pavés, dont Marc Madiot, vainqueur en 1985, Franco Ballerini, le solide spécialiste italien, Wilfried Peeters ou encore Henrik Redant. « S’il veut gagner Paris-Roubaix, Marc Madiot doit attaquer dans les dix prochaines minutes », annonce à l’antenne Robert Chapatte, prophétique. En ancien coureur et commentateur historique, Chapatte sait que le Français n’est pas le plus rapide au sprint et que s’il doit faire la différence désormais, c’est maintenant ou jamais, dans ce secteur pavé très exigeant, en faux plat montant et au milieu de la plaine, soumis aux quatre vents.
Marc Madiot en son second chezf-d'oeuvre : Paris-Roubaix 1991. pic.twitter.com/vgMYxtS3LC
— David Guénel (@davidguenel) December 16, 2021
A l’approche de la maison du Carrefour de l’Arbre, Madiot se souvient…
A quelques hectomètres de la fin de cet interminable secteur, alors que la maison perdue au milieu des champs est là pour indiquer que le bitume revient pour quelques dizaines de mètres seulement, Marc Madiot se souvient. Sept ans auparavant, sous une météo dantesque, dans le vent et la pluie, il avait forgé sa victoire quasiment à cet endroit, en sortant d’un groupe de huit où l’on retrouvait tous les cadors des classiques, Erik Vanderaerden, Claudy Criquelion, Rudy Dhaenens, Eddy Planckaert et autre Sean Kelly. Accompagné dans le groupe par son coéquipier Bruno Wojtinek, un rapide au sprint, Madiot avait attaqué vent de face à l’approche de la fin du secteur pour aller chercher la victoire 15 kilomètres plus loin. Nul doute que le Français y repense en approchant cette fameuse maison perdue dans la campagne…
🎙💥 "Il y a une violence dans Paris-Roubaix, ça peut tourner à l'apocalypse"
🚲 Double vainqueur de la mythique course Paris-Roubaix en 1985 et 1991, Marc Madiot se remémore aux bons souvenirs de ses succès dans "l'Enfer du Nord" #rmclive pic.twitter.com/kvp4PEX8PQ
— RMC Sport (@RMCsport) June 7, 2020
Il refait le coup du « Carrefour »
Alors que le groupe arrive à la sortie du Carrefour de l’Arbre, Madiot accélère soudain, comme un réflexe surgit du passé, et personne ne peut prendre sa roue. Franco Ballerini tente de boucher le trou dans la prolongation du secteur au sortir du « Carrefour », mais le Français a fait le trou. Derrière, les autres sont encore plus loin et seul Ballerini paraît en situation de boucher le trou. Un duel de rouleurs s’annonce entre le Français et l’Italien, mais bien vite, il apparaît que Marc Madiot est le plus fort. A dix kilomètres de l’arrivée, le coureur de l’équipe RMO a creusé et Ballerini est repoussé à quasiment 40 secondes. Plus personne ne le reverra. Madiot franchit la ligne en vainqueur. En 1985, son coéquipier Wojtinek avait terminé deuxième dans un magnifique doublé pour l’équipe Renault. Cette fois, un autre français, Jean-Claude Colotti, règle le sprint des poursuivants. Marc Madiot l’a compris mieux que personne, l’histoire aime parfois bégayer…