Cyclisme : Paris-Roubaix 1981, Hinault plus fort que l’enfer

Bernard Hinault détestait Paris-Roubaix, et il ne s’est jamais privé de l’affirmer haut et fort, lui qui n’avait jamais de surcroit connu la réussite dans l’enfer du nord. Mais en 1981, alors que certains commencent à dire qu’il est trop tendre pour gagner à Roubaix, le Français, maillot de champion du monde sur le dos, décide que cette fois, il lèvera les bras sur le Vélodrome…

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Bernard Hinault n’a jamais aimé Paris-Roubaix. Dès le début de sa carrière, le blaireau se montre allergique aux pavés de Roubaix, « une cochonnerie » ou « une belle course pour le public, mais pas pour les coureurs » selon ses propres mots, où la chance et la part aléatoire occupent une place trop importante à son goût. Hinault parle en connaissance de cause. Car il a déjà couru Roubaix. Il avait abandonné pour ses premières années de professionnalisme, puis terminé 13e en 1978, 11e en 1979 et enfin 4e en 1980. Plutôt un beau palmarès, mais pas quand on parle de Bernard Hinault. En cette année 1981, certains détracteurs commencent même à prétendre ici ou là que le champion français est trop tendre pour une course comme Paris-Roubaix.

Deux chutes et deux crevaisons dès le début des secteurs…

Aussi, maillot de champion du monde sur le dos, Bernard Hinault décide qu’il VEUT gagner Paris-Roubaix. Avec Guimard, il décide de travailler plus spécifiquement en début de saison en prévision de Roubaix. La veille, il part reconnaître les secteurs avec son directeur sportif. Au matin de la course, le Français se réveille avec la rage. Le monde du vélo va comprendre. Comprendre qu’il peut aussi dominer les pavés.

Pourtant, dès l’entame des secteurs, le champion du monde accumule les galères. Il chute, crève, chute à nouveau, crève encore. Et se retrouve aussi coincé derrière la voiture de direction de course. Qui lui fait perdre un temps précieux. Mais Hinault, comme à son habitude, ne lâche rien. Il a décidé qu’il allait gagner Paris-Roubaix, rien ne l’arrêtera. A une quinzaine de kilomètres de l’arrivée, le Breton, qui a comblé dix fois son retard sur les premiers, est toujours en course pour la gagne au sein du groupe de tête, avec les spécialistes Moser, De Vlaeminck et Kuiper, ainsi que les Belges Van Calster et Marc Demayer. Les coureurs arrivent à l’entrée du secteur du Carrefour de l’Arbre. Le Français aborde le secteur devant et mène un train d’enfer pour essorer ses adversaires.

Et soudain, au détour d’un virage, Paris-Roubaix reprit ses droits…

Et là soudain, au détour d’un virage, Paris-Roubaix reprend ses droits… Hinault se souvient : « Du côté du Carrefour de l’Arbre, à 12 km de l’arrivée environ, je roule très fort, je sors du virage, et là, en face de moi, qu’est-ce que je vois ? Un caniche rouge, avec un collier rouge, qui traverse…. Et là, bam… je me retrouve sur le toit ! ». Le coup fatal pour le Blaireau ? La chute de trop, si près de l’arrivée ? Hinault se relève le plus vite possible, constate qu’il n’a rien et que son vélo, par chance, est resté intacte. Le Breton se remet en selle et file à toute allure pour rentrer sur les premiers. La chasse est intense, mais Hinault a décidé qu’il gagnerait cette course. Il parvient à rentrer au bout de quelques hectomètres.

Un sprint à six se profile sur le vélodrome de Roubaix. Hinault regarde les drapeaux au-dessus des tribunes et constate qu’il y a vent de dos dans la ligne droite d’arrivée. Il lance de très loin et fait la ligne opposée vent de face, mais personne ne revient à sa hauteur. Pour les autres, c’est fini. Avec vent dans le dos dans les derniers cent mètres, personne ne peut revenir. Hinault l’emporte. Il a terrassé cette course qu’il n’aimait pas et sur laquelle il ne reviendra qu’une fois, l’année suivante… Ironie de l’histoire, après l’arrivée, en revenant vers la ligne à petite allure, Hinault explose son boyau.

La chance, cette fois, lui a souri.

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